Lucien Febvre et la lente gestation de L’Apparition du livre
On sait la place qu’occupe, dans l’historiographie française, ce chef-d’œuvre posthume conçu et préparé par Lucien Febvre (mort le 25 septembre 1956), mais rédigé pour l’essentiel par Henri-Jean Martin, qui renouvela entièrement les problématiques de l’histoire de l’imprimerie. Aux questions bibliographiques ou bibliophiliques qui prédominaient jusqu’alors, les deux auteurs substituèrent une série de problématiques économiques et socioculturelles : il s’agissait pour eux non seulement d’éclairer l’histoire des lettres et des idées, mais d’apprécier de façon plus générale la place et le rôle du livre dans l’évolution des sociétés de l’époque moderne. Ou, pour le dire avec les mots de Febvre : « Il s’agit de toute autre chose que d’une histoire technique. Il s’agit des incidences sur la culture européenne d’un nouveau mode de transmission et de diffusion de la pensée au sein d’une société ».
Les célébrations organisées en 2008, à l’occasion du cinquantenaire de sa publication ont montré à quel point cet ouvrage avait fertilisé les recherches en France comme à l’étranger. Elles furent aussi l’occasion de saluer la mémoire d’Henri-Jean Martin décédé l’année précédente.
Au cours des années 1960-1070, Martin s’était en effet imposé comme le père fondateur d’une « école française » d’histoire du livre incarnée d’abord par la création en 1971 de la Revue française d’histoire du livre (dont le premier numéro s’ouvrait sur un éditorial de Robert Mandrou), puis par la grande Histoire de l’édition française (1982), première d’une série de synthèses collectives qui eurent de très importantes répercussions sur l’histoire culturelle en France et, peut-être plus encore, à l’étranger.
En dépit de l’excellente postface à L’Apparition du livre publiée par Frédéric Barbier en 1999, qui éclairait la genèse du projet en rappelant son histoire, la forte personnalité d’Henri-Jean Martin, la richesse et la diversité de ses travaux, le rôle décisif qu’il a joué dans la formation des historiens et bibliothécaires français, la place qu’il a occupée dans des institutions clefs (École nationale des Chartes, École Pratique des Hautes Études, École Nationale Supérieure des Bibliothécaires) ont progressivement fait oublier le rôle de Febvre dans le renouvellement des problématiques de l’histoire du livre.
1914-1929, le projet initial : Renaudet
L’Apparition du livre s ’inscrit tout entière dans la dynamique de « l’histoire-problème » promue par Lucien Febvre et Marc Bloch dans la revue des Annales d’histoire économique et sociale (fondée en 1929), elle-même largement héritière du projet défendu par Henri Berr († 1954) et le Centre international de Synthèse depuis le début du siècle.
C’est précisément pour la grande collection L’Évolution de l’Humanité fondée par Henri Berr et portée par le Centre de Synthèse, qu’est conçu, dès 1914, le projet initial de L’apparition du livre. Le plan de la collection, qui se déploie sur cent volumes, prévoit en effet un tome portant le numéro 49 et assurant la charnière entre le Moyen Âge et la période moderne. Son titre, L’apparition du livre, est choisi par Henri Berr. La rédaction en est confiée à Augustin Renaudet, qui s’impose alors comme un grand spécialiste de l’histoire culturelle de la Renaissance grâce à sa thèse intitulée Préréforme et humanisme à Paris à l’époque des premières guerres d’Italie (1913).
Lucien Febvre est un ami personnel de Renaudet. Aussi, lorsqu’en 1924, Berr lui demande de réfléchir à un remaniement possible du plan de sa collection, l’historien n’hésite pas à faire glisser le volume de Renaudet à la 54e place en en modifiant tout à la fois le titre et la définition :
n° 54. Les conditions modernes de la vie intellectuelle
C’est, déplacé (et ici je crois mieux en place) le livre de Renaudet, avec élargissement de la conception […]. Non seulement l’imprimerie et la révolution du livre, mais l’évolution, à l’époque moderne, des institutions intellectuelles médiévales : écoles, universités. Les créations : la pédagogie nouvelle. Le latin et le vulgaire. La catholicité des savants.
L. Febvre, lettre sans date, octobre 1924, dans Lucien Febvre, Lettres à Henri Berr (éd. J.Pluet et G. Candar), Paris, Fayard, 1997, p. 187.
Cet élargissement du propos doit convenir à Renaudet, qui connaît parfaitement l’histoire des milieux humanistes, des collèges et des académies, et qui ne se sent pas, par ailleurs, d’affinités particulière avec l’histoire du livre. En février 1925, Febvre le relance en lui rappelant que son texte est attendu pour 1928. Deux mois plus tard, Berr lui redonne la définition du projet :
Je crois que vous ne concevez pas votre livre comme une histoire érudite et technique des débuts de l’imprimerie, mais comme l’étude des conséquences intellectuelles, morales, du retentissement psychique de cette découverte capitale : cela implique la comparaison de l’avant et de l’après. Et c’est cela qui est digne de vous.
Lettre de Henri Berr à Augustin Renaudet, 17 avril 1925, cité par Fr. Barbier, « Postface » à L’Apparition du livre, Paris, Albin Michel, 1999.
Mais Renaudet n’est pas à l’aise. En 1929, quinze ans après le lancement du projet, il le dit sans ambage à Lucien Febvre : « L’idée d’écrire un bouquin sur “l’apparition du livre” m’a toujours empoisonné depuis que j’ai eu l’âge de raison ».
1929-1932 : « Ce magnifique sujet m’a toujours attiré »
Febvre lui propose alors de reprendre le flambeau. À l’idée d’être déchargé du fardeau que représente L’apparition du livre, Renaudet exprime son soulagement (« Ta lettre de Strasbourg m’a fait un plaisir intense »). De son côté, Febvre, que le travail n’a jamais effrayé, semble extrêmement satisfait. « Ce magnifique sujet m’a toujours attiré », écrit-il à Henri Pirenne. Ce ne sont pas là des paroles en l’air. Spécialiste de l’histoire des idées, Febvre connaît intimement la production imprimée de la Renaissance. Il est par ailleurs très sensible à la matérialité du livre : la lecture des nombreux comptes-rendus qu’il rédige pour différentes revues témoigne de son attachement à la présentation matérielle des livres modernes, dont il vante souvent le papier, le format, la qualité de l’impression et de la mise en page. À tous points de vue, Lucien Febvre est un homme du livre.
Dès 1923, il avait indirectement fait connaître à Henri Berr son intérêt pour l’histoire de l’imprimerie en sollicitant l’attribution d’un compte-rendu pour la Revue de Synthèse :
À propos de livres, s’il était possible, je vous serais bien reconnaissant de demander chez Picard pour moi le livre annoncé de Charles Mortet, Les origines et les débuts de l’imprimerie. C’est une question qui me préoccupe beaucoup ; j’ai un diplôme cette année, d’un vieil étudiant à moi, sur les premières impressions françaises et la Renaissance.
L. Febvre, lettre sans date, 2e semaine de janvier 1923, dans Lucien Febvre, Lettres à Henri Berr (éd. J.Pluet et G. Candar), Paris, Fayard, 1997, p. 149.
Lorsque Renaudet accepte de lui céder, Febvre s’empare sans attendre de son sujet. Il fait des lectures et suit l’actualité de la recherche. Comme souvent, ce savant sûr de lui exprime sa conception de l’histoire à l’occasion des comptes-rendus qu’il consacre à des publications récentes.
Dès 1929, il publie dans les toutes jeunes Annales d’histoire économique et sociale une critique élogieuse du premier tome de L’histoire de l’imprimerie par l’image de Marius Audin : il vante l’expertise technique de l’auteur et la brièveté de ses notices :
Elles ne visent à former ni une histoire de la typographie, ni un traité de typographie rétrospective ; elles se contentent de poser les principaux problèmes et de fournir sur chacun d’eux une série de références copieuses, bien au courant et permettant au lecteur de se faire son opinion à lui, s’il le désire
Lucien Febvre, « L’imprimerie », dans Annales, 1929, n° 333, p. 446.
L’année suivante, les trois tomes de l’Histoire de l’imprimerie par l’image fournissent l’occasion d’un nouveau compte rendu tout aussi élogieux, immédiatement suivi d’une critique aussi brève que dure de L’Art du livre et l’histoire de l’imprimerie de Pierre Mornaud :
Ces pages se lisent sans ennui. Mais elles ne forment en rien une « Histoire de l’Imprimerie ». Car il n’y a pas d’histoire de l’imprimerie là où il n’y a pas de notions techniques, de notions économiques, de notions sociales et historiques. En réalité, Mr Mornaud nous fournit un palmarès d’éditeurs et d’illustrateurs notoires, chacun recevant son petit tribut d’éloges et succédant, dans l’ordre chronologique, à ses prédécesseurs de même classe et catégorie. Sur la découverte proprement dite, les indications fournies par Mr Mornaud sont particulièrement sommaires. On se demande, en fermant cet élégant livre, pour qui il est fait, ou plutôt à qui il rendra des services.
L. Febvre, « Éditeurs et illustrateurs de livres » dans Annales d’histoire économique et sociale, 2e année, n° 7, 1930, p. 408. [en ligne]
En 1932, il s’arrête plus longuement sur le « très beau livre, fort bien imprimé » de C. Dalbonne et E. Droz consacré à L’Imprimerie à Vienne en Dauphiné au XVe siècle. Il y découvre l’étude des filigranes, des gravures et des lettrines, et vante les mérites de ce que l’on n’appelle pas encore à cette époque la « bibliographie matérielle » :
Beaucoup de disciplines peuvent envier à l’histoire de la typographie tant de soins coûteux et de précisions minutieuses. C’est que, dans cette très difficile, très obscure histoire des premiers ateliers typographiques, rien ne peut se faire que par des observations en quelque sorte microscopiques. Tout est mystère. […]
Il s’agit de reconstituer l’activité présumable de ces trois imprimeurs. Comment y arrive-t-on ? Par l’étude aussi attentive que possible des caractères ; par des apparentements et des comparaisons d’une minutie « millimétrique » si on peut dire ; par l’examen des filigranes, etc. Il y a là toute une technique scrupuleuse dans ces procédés, et qui parvient à jeter, dans un domaine plein d’obscurité, du jour et de la clarté.
L. Febvre, « Techniques de restitution : le livre et les premiers ateliers typographiques » dans Annales d’histoire économique et sociale, n° 18, 1932, p. 594-595. [en ligne]
Si Febvre en reconnaît les mérites, cette approche « microscopique » ne correspond pas du tout à son tempérament. Il voit plus large, plus grand, plus loin, et se soucie d’abord de comprendre la place du livre dans la société :
À des spécialistes d’aussi délicates recherches, ne demandons pas, pour l’instant, des lumières sur le rôle économique qu’a joué l’imprimerie ni des considérations nourries sur l’importance sociale des ouvrages publiés dans des ateliers qu’il s’agit, pour ainsi dire, de ressusciter du néant. Les auteurs nous répondraient qu’il faut vivre d’abord. Et après tout, c’est eux qui auraient raison.
On le voit, en 1932, l’heure de la synthèse n’est pas encore venue. Il faudra encore à Lucien Febvre plus de vingt ans pour mettre en chantier L’apparition du livre.
1953-1958 : l’écriture
Les années 1930 et 1940 s’achèvent sans que le projet n’ait encore avancé. Febvre est accaparé par la revue des Annales, par l’Encyclopédie française, et par l’écriture de trois grands livres sur l’histoire des idées à la Renaissance qui paraissent dans un très bref intervalle de temps : Le problème de l’incroyance au XVIe siècle (1942), Origène et Des Périers, ou l’énigme du Cymbalum Mundi (1942) et Autour de l’Héptaméron. Amour sacré, amour profane (1944). Febvre s’est par ailleurs engagé à fournir de nombreux autres titres à L’Évolution de l’Humanité : outre le Problème de l’incroyance, déjà paru, et L’Apparition du livre, il a annoncé cinq autres volumes :
- une Introduction au XVIe siècle (n° 50 de la collection ; ce sera finalement l’Introduction à la France moderne de Robert Mandrou, 1961)
- Originalités, précocités et limites de la civilisation italienne du XVIe siècle (n° 51)
- Les religions du XVIe siècle (n° 52)
- Argent et bourgeoisie (n° 55)
- La vie économique (n° 63)
Âgé de 75 ans au moment où il formule ce programme, Febvre n’entend évidemment pas prendre en charge seul l’écriture des six volumes restant à rédiger. Il fait part à Henri Berr de son intention de jouer le rôle d’un « chef de chantier », capable de coordonner les efforts d’historiens jeunes :
Le fait est que, Braudel mis à part, il n’y a pas de « grands Messieurs » capables de donner chacun leur beau livre. Mais il y a des jeunes, dont un ou deux deviendront de grands Messieurs si Dieu leur prête vie. Alors, groupés sous ma houlette, ils peuvent, en très peu de temps, vous assurer ce que vous souhaitez : de beaux livres, neufs, jeunes et vigoureux, qui n’auront pas 50 ans en naissant. J’ai dit !
Lucien Febvre, 17 avril 1953, dans Lucien Febvre, Lettres à Henri Berr (éd. J. Pluet et G. Candar), Paris, Fayard, 1997, p. 619.
Pour L’Apparition du livre, Febvre avait d’abord pensé à recruter son ancien étudiant Robert Wiriath, qui avait publié en 1949 dans la Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance d’Eugénie Droz un article sur « Les rapports de Josse Badius Ascensius avec Érasme et Lefèvre d’Étaples ». Mais le père Wiriath, dominicain, est envoyé à Bagdad par son ordre, ce que Febvre déplore : « Depuis deux ans, je n’ai plus de nouvelles de lui. Il est évident qu’il est perdu pour le labeur scientifique ».
Febvre annonce donc à Henri Berr le 17 avril 1953 son intention de faire appel à « un jeune bibliothécaire de la Nationale qui a donné déjà un très bon article aux Annales ». Ce bibliothécaire, c’est Henri-Jean Martin, auteur d’une synthèse intitulée « L’édition parisienne au XVIIe siècle. Quelques aspects économiques », publiée dans les Annales en 1952.
Dans une longue note introductive en tête de cet article, Lucien Febvre avait en quelque sorte préfacé le travail de Martin pour le situer dans la perspective propre aux Annales. Cette longue note mérite d’être citée intégralement :
L’histoire du livre, terra incognita. Non que fassent défaut les travaux d’érudition, dignes de tout éloge. Et, par exemple, pour les XVe et XVIe siècles (dont M. Martin n’avait point à s’occuper), outre le vieux et précieux Maittaire qui nous a conservé toute une série de catalogues des grandes firmes du temps, la monumentale Histoire de l’Imprimerie de Claudin, et cette mine de renseignements de toute nature qui s’appelle le Baudrier. Mais l’exploitation de ces richesses n’est pas faite par les historiens. L’histoire de l’Imprimerie n’est que trop rarement intégrée à l’histoire générale. Des historiens « littéraires » peuvent encore disserter à longueur de journée sur leurs auteurs sans se poser les mille problèmes de l’impression, de la publication, de la rémunération, du tirage, de la clandestinité, etc… qui feraient descendre leurs travaux du ciel sur la terre. Des historiens économiques peuvent toujours ne prêter qu’une attention distraite à une industrie créée de toutes pièces, sans tradition, à une époque où le grand capital se forme et commence à intervenir avec force dans la vie des sociétés humaines : industrie spécifiquement capitaliste par tant de ses aspects, et qui pose des problèmes de financement, de paiement, de transfert, de salaires aussi, des plus compliqués et des plus intéressants. Même chose, s’agissant des historiens de la religion, de la morale ou de la politique. Ils sont tous sans excuse, puisqu’il y a déjà de bons recueils de textes et que, par ailleurs, les documents inédits abondent. Voilà des années que je m’en suis préoccupé. Que j’ai professé des cours d’initiation (à Strasbourg notamment) ou des cours de recherche (à Paris, au Collège) sur tous ces problèmes d’intérêt capital. Avec peu de succès, je dois le dire. Le travail d’érudition continue à se faire — mais le travail d’histoire à s’étayer sur lui et à partir de lui : non pas. Et c’est grande pitié. Un article comme celui que nous publions porte ses leçons en lui-même. Il ne dit pas tout. Bien sûr. Il en dit assez pour réveiller les dormeurs, s’ils le veulent bien. C’est le but même des Annales.
Note introductive de Lucien Febvre à Henri-Jean Martin, « L’édition parisienne au XVIIe siècle », Annales, 1952, n° 7-3, p. 303.
On le constate à la lecture, en 1952, la réflexion de Lucien Febvre a mûri. Fort de plusieurs années de lectures et d’enseignements, il sait précisément dans quelle direction aller. La lente gestation de L’apparition du livre touche à sa fin : sous la direction du maître, Henri-Jean Martin ne mettra que cinq ans à achever un projet initié quarante ans plus tôt.
L’histoire du livre, une discipline ?
On l’a indiqué, c’est à Henri-Jean Martin que revient le principal mérite d’avoir fait école et d’avoir porté loin le flambeau allumé par Lucien Febvre. Son apport dans le domaine fut déterminant et tous les historiens du livre connaissent aujourd’hui leur dette à son égard. C’est Henri-Jean Martin qui a fait entrer l’histoire du livre à l’École pratique des Hautes Études et c’est l’un de ses élèves, Roger Chartier, qui l’a installé au Collège de France.
On n’a pourtant pas suffisamment remarqué qu’en érigeant l’histoire du livre en discipline indépendante, reconnue comme telle par des institutions de plus en plus nombreuses, Martin et ses élèves étaient allés à rebours du projet initialement formulé par Lucien Febvre : celui d’intégrer l’histoire du livre à l’histoire générale. Les actes du colloque Cinquante ans d’histoire du livre (Lyon, presses de l’Enssib, 2014) témoignent à cet égard d’un certain malaise face au statut disciplinaire dont jouit désormais cette spécialité, plusieurs des contributeurs appelant explicitement à en « élargir le champ ». Henri-Jean Martin lui-même, à la fin de sa vie, regrettait qu’elle soit devenue « une discipline classique, déclinée de manière très classique ».
Tout le paradoxe français est là : fille du décloisonnement promu par les Annales, l’histoire du livre s’est peu à peu érigée en une discipline à part entière. Sans doute les spécialistes ont-ils tenu à affirmer l’indépendance de leur discipline pour que leur expertise ne soit pas reléguée au rang de simple « science auxiliaire de l’histoire ». C’était pourtant la place que Lucien Febvre semblait lui assigner en proposant dans la préface de L’Apparition du livre un titre alternatif : Le livre au service de l’histoire. Mais il est vrai que Febvre avait de l’histoire une conception si élevée qu’en être l’auxiliaire semblait déjà, en soi, un titre de gloire.